La Costa Verde
Ou le Nord du PORTUGAL
La Costa Verde est la région touristique du Portugal qui comprend les provinces du Minho et du Douro Litoral, elle s’étend de la frontière avec l’Espagne, au nord, jusqu’à Espinho, à quelques 12 km au sud de Porto.
L’homme de la Costa Verde est gai, il a le goût des couleurs vives, des fêtes religieuses et païennes (Romarias), du chant et des danses rapides et pleines de mouvement (Vira, Malhao, Caninha Verde). Il n’est pas de dimanche d’été qui ne réunisse les gens du village et alentours en une fête populaire au bord de la rivière, autour de l’église ou au sommet d’une colline – c’est « l’Arraial ›› qui annonce une foire, une procession !
L’artisanat de la région est encore resté le produit d’artisans qui travaillent chez eux, vendant à domicile ou à l’occasion du grand marché hebdomadaire. Objets décoratifs et utilitaires forment la richesse de l’artisanat de cette région, traduisant la réalité de la vie, les coutumes et les croyances des paysans et villageois, allant parfois dans le sens de l’expressionnisme : Rosa Ramalho, Mistterio, Rosa Couto, sont des noms devenus connus par l’originalité de leur travail en poteries, Armenio Juaqueira artisan travaillant chez lui les « Cangas ›› (jougs de bœuf si particuliers de cette région).
Mais le grand choc, le premier émerveillement : c’est l’océan.
Vers Viana do Castelo, ne vous fiez pas à ces prés qui s’étirent en bordure de mer. Empruntez le premier chemin de traverse, il mène à la côte sauvage. Là, les rochers noirs et acérés sont battus sans cesse par l’écume déferlante des rouleaux de plusieurs mètres qui se creusent et se gonflent pour se fracasser en cascades sur la côte. Spectacle fascinant de ces eaux coléreuses qui ont laissé comme témoins de leurs forces. tendrement, des galets ronds et doux, roses et gris. Et l’on songe à ces hardis navigateurs partis à la conquête du monde sur leurs caravelles de bois, dont on peut encore voir la fabrication artisanale à Vila do Conde.
Dans ce dernier chantier naval,les ultimes garants d’une tradition qui fit la richesse du pays taillent, ajustent les troncs entiers devenant carcasses de ces courageux navires. Et, comme pour expliquer les contradictions de l’âme portugaise, à la fois nostalgique, passionnée, mais sereine, ce paysages poignant de l’océan fait face à la douceur des collines boisées de Santa Luzia piquées, çà et là, par la silhouette baroque d’un clocher.
Empreinte aussi de cette sérénité, Viana do Castelo était déjà vénérée par les Romains.Comparant ses rives bordées par le Lima au fleuve de l’oubli, ils craignaient, ravis par la beauté des lieux, d’oublier leur Rome natale. Il est vrai que la ville possède un charme prenant avec ses rues pavées, ses façades de granit, sa grand-place royale avec sa fontaine du XV° siècle et son édifice Renaissance.
Avec ses arcades au rez-de-chaussée et ses deux loggias superposées, il fait penser, par sa grâce, aux demeures vénitiennes. Et toute la ville garde ainsi, avec ses maisons écussonnées et ses fenêtres manuélines, la marque des fastes d’antan.
Puis, remontant vers le petit port de Caminha, la campagne festonnée de plages accueillantes (Montedor, Alife, Moledo) fait place aux scènes agrestes des femmes travaillant avec la serfouette et la houe dans les champs. Chapeaux plats de paille, foulards bigarrés et robes enjuponnées, leurs silhouettes rondes soulignent leur bonhomie souriante.
A Caminha, vision toujours émouvante, les pêcheurs réparent minutieusement leurs filets au milieu des enfants aux sourires timides et des poules qui picorent. Sur la grand-place, qui a fière allure avec son palais gothique et on hôtel de ville, les marchandes espiègles d’aulx et d’oignons vous interpellent et s’esclaffent. Ainsi, à l’improviste des rencontres, se révèlent la bonne humeur, l’affabilité des « minhotos›› qui, bien souvent, vous saluent de quelques mots de français.
Et, bordant la rive du Minho, frontière naturelle avec l’Espagne, le paysage riche et vallonné enchaîne votre regard. Campagne clairsemée de petits villages où fleurissent les « azulèjos›› au fronton des églises, où se dressent les maisons baroques aux allures de castel avec leurs fenêtres sculptées,
Longeant toujours le fleuve, face à la frontière espagnole, les villages sont d’anciennes places fortes cernées de remparts. Ainsi, « Monçao », qui donne un des crus les plus renommés du Minho pour accompagner les délicieux jambons, spécialité de Melgaço, la ville voisine. leurs balcons insolites. Et, sans transition, surgissent les ombres des monuments funéraires qui, à la sortie du village, déchirent l’horizon de leurs toits pentus et deleurs dentelles de pierre.
Rompant avec ces bourgades animées, la route file vers le Parc national de Gêres et la région secrète de Castro Laboreiro. Isolées dans leurs montagnes, les femmes y portent assez souvent encore des manteaux à capuchon de bure grossière et des Jambières, témoins de la rudesse de certains jours d’hiver.
C’est ainsi qu’on les voit, solitaires, menant leurs vaches ou leurs moutons dans les petits prés coincés entre les murets de pierres. Les monts pelés et sauvages, la forêt du « Soajo » et l’ensemble du parc national offrent par endroit des paysages d’une telle beauté originelle qu’ils semblent à l’écart du monde présent.
Et, pourtant, l’homme y a parfois gravé son imaginationdémesurée, comme en témoigne le sanctuaire deSenhora da Peneda.Accessible par un chemin de terre tortueux, implantée au milieu d’une forêt de pins, jaillissante entre d’impressionnants rocs de granit, la chapelle, hissée au sommet d’un escalier de 300 marches entrelacées, semble une folle apparition.
Plus bas, vers le sud, dans la région de Caniçada(merveilleuse« pousada » dominant le rio Cavado) le Gêres se fait moins austère et résonne des multiples cascades et torrents qui dévalent ses flancs touffus de sapins. Là est le paradis pour l’amateur de grandes promenades ou de vivifiantes courses en montagne.
De Ponte de Lima à Paredes de Coura, la route en lacets parcourt les collines d’où dégringolent des cascades de terrasses. Çà et là s’accrochent des bouquets d’arbresroux. Et les villages se lovent avec leurs toits de tuiles vermillon. Et, partout, les sarments de cette vigne grimpante s’agrippent aux troncs des arbres.
Ensuite,Porto, capitale du Nord, est la plus ancienne ville du Portugal. Marraine de celui-ci, puisque c’est la réunion de ses deux faubourgs « Porto ›› et « Cale» qui donna son nom au pays, elle est profondément enracinée dans ses traditions et orgueilleuse d’être la patrie du Porto, gloire nationale.
Aujourd’hui grande ville bourgeoise, industrielle et animée, elle retient l’attention tant par ses beaux quartiers que par ses faubourgs populeux.
Mais le Minho, c’est aussi le berceau du Portugal, avec ses petites villes où s’est patiemment forgée l’histoire de la nation.
Ainsi Gulmaraes, la première capitale, vit naître le premier roi, Afonso Henriques.
Aujourd’hui centre animé et florissant, avec ses filatures de lin, de cotonnades, ses ateliers de coutelleries, ses tanneries et ses fabriques de linge damassé, elle traîne dans les petites rues de sa vieille ville le parfum médiéval et nostalgique de sa gloire défunte. Un peu triste d’avoirperdu son titre de capitale, elle révèle orgueilleusement d’admirables monuments: le palais des ducs de Bragance, le château et son donjon carré de l’époque normande, ses églises précieuses, sa belle place à arcades et sur les pavés de ses ruelles s’est martelée l’histoire du Portugal.
A Braga, c’est aussi l’histoire qui hante la ville. Romaine, puis capitale des Suèves, conquise par les Goths, les Maures et, beaucoup plus tard, cité florissante grâce à son archevêque épris de grandeur, elle est restée un grand centre religieux. Sa cathédrale, malgré de profonds remaniements, laisse deviner avec son portail, le style roman primitif de ses origines. Il faut, pour imaginer la magnificence qui régna dans tout le pays aux XV’ et XVI’ siècles, visiter le«musée d’Art religieux» avec ses reliques d’or et d’argent,la Bibliothèqueavec ses manuscrits chargés d’enluminures et ses parchemins moyenâgeux dont un,pièce unique daté de 1128, relate la fondation du Portugal.
Barcelos, c’est la vie de tous les jours qui domine le passé, les ruines du château, le pilori gothique les vieilles églises et les couvents d’autrefois.Venez un jeudi pour vivre le joyeux tintamarre des jours de foires. Vous goûterez les délicieux gâteaux empilés sur les étals des boulangers ou grignoterez les marrons que décortiquent les marchandes accroupies auprès de leur «braseiro››. Les femmes, descendues des campagnes, vendent les produits de la ferme, œufs tout frais, canards, poussins… Ici, une paysanne porte sur sa tête un panier rempli de poules
caquetantes, là, le menuisier expose les jougs travaillés comme de fines dentelles qui parent les attelages de la région.
Plus loin, les petites poteries vernissées, plats, pots, ou scènes naïves, voisinent avec les coqs de terre cuite fleuris comme des cretonnes. Car ici l’artisanat est bien vivant.